Chaque établissement bancaire est tenu de disposer d’un compte auprès de la banque centrale. C’est grâce à ces comptes bancaires que la BCE met en place la politique monétaire.
Premier instrument : le taux des réserves obligatoires
La Banque Centrale impose à toutes les banques commerciales de « déposer » sur leur compte (auprès de la BCE) un pourcentage des dépôts qu’elles collectent. Si le taux des réserves obligatoires est de 1 %, cela signifie que si une banque accorde un crédit de 1000 €, elle crédite le compte de dépôt de son client d’autant et doit alors déposer 10 € à la BCE.
Plus le taux des réserves obligatoires est faible, plus les banques pourront accorder des crédits. Si la BCE décidait de baisser ce taux à 0,5 %, lorsqu’une banque prête 1000 €, elle ne devrait plus déposer que 5 € à la BCE au lieu des 10 € précédemment.
Inversement, si la BCE augmente ce taux à 2 %, les banques pourront accorder moins de prêts car pour 1000 € prêtés, 20 € au lieu de 10 € précédemment devront être déposés à la BCE et seront donc « gelés ». Cet instrument est aujourd’hui peu utilisé par la BCE. La seule modification du taux des réserves obligatoires remonte au 18 janvier 2012, où il est passé de 2 % à 1 %. Il n’avait pas évolué auparavant.
Les réserves obligatoires sont rémunérées au taux des opérations principales de refinancement de l’Eurosystème. Ce taux a régulièrement baissé depuis 2011 et il est de 0 % depuis 2016.
Deuxième instrument : les interventions sur le marché interbancaire
Ces interventions, dites » opérations d’open market « , se situent au cœur de la politique monétaire de la BCE.
Quand une banque a besoin de liquidités pour honorer les paiements effectués par ses clients (si ses clients retirent plus d’argent de leurs comptes qu’ils n’en déposent), elle les emprunte à une autre banque.
De l’autre côté, quand une banque a des liquidités disponibles (ses clients remettent plus d’argent sur leurs comptes qu’ils n’en retirent), elle les propose aux autres banques. C’est ce que l’on appelle le marché interbancaire.
Les banques se prêtent pour des durées très courtes, allant de 24 heures seulement à un an. Les paiements entre banques se font exclusivement par l’intermédiaire des comptes qu’elles détiennent à la banque centrale. C’est pourquoi on parle de « monnaie banque centrale ».
Cette monnaie n’est utilisée par les banques que sur le marché interbancaire et ne circule donc pas dans l’économie.
Les taux d’intérêt sur le marché interbancaire servent de référence aux banques pour fixer les taux d’intérêt des crédits qu’elles accordent à leurs clients.
Mais quand une banque ne trouve pas le montant nécessaire auprès des autres banques, elle peut s’adresser à la BCE qui va lui prêter ces liquidités à un taux d’intérêt appelé « taux des opérations principales de refinancement ». La banque doit pour cela apporter à la BCE des garanties sous la forme de titres de créances de qualité qu’elle détient. On dit qu’elle se « refinance » auprès de la banque centrale. C’est le mode principal d’intervention de la BCE. Celle-ci a modifié le taux de ces opérations principales de refinancement à 41 reprises depuis sa création en 1999 (22 baisses et 19 hausses).
Si la BCE augmente le taux de ses opérations de refinancement, les banques vont répercuter cette hausse sur le coût des crédits qu’elles accordent. Les agents économiques (ménages, entreprises, États) vont être plus réticents à emprunter et vont alors réduire leur consommation ou leurs investissements.
Inversement, si la BCE diminue le taux de refinancement, les banques vont diminuer le taux d’intérêt de leurs crédits. Les agents économiques vont être plus enclins à emprunter et vont alors augmenter leur consommation et leur investissement.
En cas de tensions sur le marché interbancaire (les banques ne veulent plus se prêter), la banque centrale peut aussi fournir des liquidités (octroi de prêts temporaires garantis par des titres par exemple) ce qui a pour effet de faire baisser le taux du marché monétaire. En sens inverse, elle peut également intervenir pour retirer des liquidités (elle vend aux banques des titres de dette publique par exemple) et orienter le taux du marché monétaire à la hausse.
Troisième instrument : les facilités permanentes
Les facilités permanentes sont gérées de façon décentralisée par les banques centrales nationales membres de la zone euro. Elles sont réalisées sans appel d’offre, à la demande des banques sans limitation de montant ou à l’initiative de chaque banque nationale.
Elles permettent de fournir ou de retirer des liquidités par le biais de prêts ou de dépôts d’une durée de 24 heures. Le taux d’intérêt de ces opérations est fixé par la BCE. Ils déterminent respectivement le taux plafond et le taux plancher du marché interbancaire au jour le jour.
Author: Charles Chavez
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